Notre société fait face à une accélération dramatique de la déshumanisation.

L’économie, initialement pensée pour améliorer la vie de chacun et émanciper, produit aujourd’hui des fractures profondes, isole les individus et fragilise notre capacité collective à faire face aux défis majeurs.

Parmi ces défis : l’urgence climatique, l’épuisement du lien humain, et la disparition progressive de la dignité dans le débat au profit d’un individualisme destructeur.

Nous, entrepreneurs, salariés, citoyens, acteurs du quotidien, affirmons qu’il est urgent de replacer l’économie au service du vivant et d’un destin commun. Car c’est seulement en faisant face ensemble aux enjeux économiques, sociaux et climatiques que nous pourrons construire un avenir digne pour tous.

Nous croyons fermement que la dignité doit redevenir un principe fondamental de notre société. Aucun progrès économique réel ne peut exister sans respect absolu de chaque individu, sans reconnaissance de sa valeur au-delà des seuls chiffres de productivité.

Nous ne rejetons pas la rentabilité : nous affirmons qu’elle doit être mise au service du plus grand nombre. Le succès économique doit être partagé équitablement avec celles et ceux qui le produisent réellement, pour permettre à chacun d’être acteur de ce destin commun que nous voulons construire.

Les entreprises portent une responsabilité majeure : leur rôle ne se limite pas à générer du profit, elle consiste à influencer positivement la température sociale du pays, à préserver le lien social et à œuvrer pour prévenir les crises à venir, qu’elles soient économiques ou climatiques.

Face à l’échec répété des politiques menées depuis 40 ans, qui n’ont fait que creuser les fractures et alimenter l’abstention, nous affirmons que le véritable changement viendra des acteurs du quotidien, de ceux qui agissent concrètement chaque jour pour rendre l’économie plus vivante, plus humaine, plus durable.

Nous nous engageons à :

• Remettre le vivant au cœur des décisions économiques, en donnant réellement la parole et le pouvoir aux salariés à travers la démocratie au travail.

   

• Promouvoir une économie où la rentabilité est au service du lien humain et de l’intérêt commun, en valorisant les entreprises qui placent ces valeurs au cœur de leur modèle économique.

   

• Agir concrètement pour une équité réelle dans l’économie, notamment en poussant à réduire l’écart de traitement entre les grands groupes et le reste du tissu économique, en particulier les PME qui constituent la majorité des emplois locaux et du dynamisme territorial. Notamment vis-à -vis de l’accès à la commande publique.

   

• Placer l’urgence climatique au même niveau que l’urgence humaine et économique, convaincus qu’il n’existe aucun destin commun possible sans prise en compte effective et immédiate des enjeux environnementaux.

   

• Créer un « Baromètre de la durabilité », observatoire indépendant chargé de mesurer la qualité des conditions de travail, évalue l’équilibre réel entre salariés et dirigeants au sein des entreprises, et rend publiques les pratiques qui renforcent ou fragilisent notre capacité à construire un destin commun.

Ce manifeste est un appel à agir maintenant, collectivement, concrètement, avec exigence et pragmatisme.

Car protéger le vivant, préserver le climat humain et environnemental, et bâtir un avenir réellement partagé n’est plus seulement souhaitable : c’est indispensable.

L’ambition des Tisseurs est claire : fédérer celles et ceux qui, chaque jour, prouvent que l’économie peut être un levier d’émancipation et de lien plutôt qu’un instrument de domination et d’exclusion. Ce n’est plus aux seuls politiques de dicter les règles : ce sont celles et ceux qui font l’économie, qui la vivent, qui doivent reprendre le pouvoir et façonner le monde à venir.

Il est temps de tisser une nouvelle histoire. Une économie qui relie plutôt qu’elle n’isole. Un travail qui émancipe plutôt qu’il exploite. Une prospérité qui bénéficie au plus grand nombre plutôt qu’à une minorité.

C’est cela, le destin commun. Et il commence maintenant.